Un nouveau courant musical
(Angleterre, Californie, France)
Après les expériences liées au hasard introduites par John Cage, les épanchements du free jazz et les constructions modulaires des « répétitifs » américains, une nouvelle démarche musicale apparaît, principalement en Angleterre et sur la côte californienne. Loin de toute démonstration abrupte et asséchée, c'est sous une apparence délibérément aimable que se trouvent, cette fois, dissimulés les acquis et les recherches les plus récentes de ce qu'il est convenu d'appeler l'avant-garde. Une joliesse étrange - et finalement dérangeante - qu'imprègnent de troublantes réminiscences du passé.
Voix éthérées, singulière pureté des sons instrumentaux : Harold Budd développe près de Los Angeles un art tourné sans complexe vers l'idée fantasmatique que l'on peut se faire du « beau ». C'est aussi dans cette direction que s'est engagé à Santa Barbara un autre californien, Daniel Lentz, qui magnifie le langage parlé au moyen d'inédits échos en cascade.
A Londres, Gavin Bryars mêle l'humour à l'émotion la plus secrète dans des sortes de ready made « aidés » constitués
d'emprunts à des compositeurs oubliés ou mal connus du début du siècle : autant d'issues inattendues pour une conduite d'inspiration dadaïste. De son côté, avec son ensemble de dix instrumentistes, un Michael Nyman n'hésite pas à faire s'entremêler, sur des structures dynamiquement rythmées, des musiques de la Renaissance ou du XIXe siècle, du rock et de la comédie hollywoodienne. Quant à Christopher Hobbs, il affirme sans rire que ce qu'il cherche à faire, c'est une musique agréable, susceptible de plaire à ses parents...
En France, seul un groupe s'est engagé dans cette voie, celui de ZNR qui distille sans précipitation des mélodies mélancoliques aux accents savoureusement désuets.
A retenir, enfin, la soirée consacrée au déjà historique Portsmouth Sinfonia Orchestra, fondé au début des années 70 : un ensemble de cinquante à cent musiciens tourné vers une interprétation approximative du répertoire classique. Une dérive entre le non-sérieux et le plus-sérieux-qu'il-n'y-paraît.
Naïveté ? Perversion ? Décadence ? Ne faut-il pas voir plutôt dans toutes ces tentatives une volonté de changer les règles du jeu, de faire précisément ce que l'« on ne doit pas faire » afin d'échapper à tout enfermement académique, fut-il d'« avant-garde » ?
Daniel Caux
Dimanche 28 septembre à 17h00
Atelier de Création Radiophonique de France Culture
Série de concerts présentés par Daniel Caux.
« ZNR » Hector Zazou et Joseph Racaille, duo (France).
Samedi 18 octobre à 17h00
« LOUIZE ALCAZAR », opéra muet (France).
Dimanche 19 octobre à 17h00
DANIEL LENTZ (Californie)
Samedi 25 octobre à 17h00
GAVIN BRYARS, DAVE SMITH, JOHN WHITE, etc.
(Angleterre) et musique de HAROLD BUDD (Californie).
Dimanche 26 octobre à 17h00
GAVIN BRYARS, DAVE SMITH, etc. (Angleterre).
Mardi 28 octobre à 20h30
Exceptionnellement à la salle 104 de la Maison de Radio France (entrée libre)
PORTSMOUTH SINFONIA ORCHESTRA IN PARIS (Angleterre et France).
Samedi 1er novembre à 17h00
MICHAEL NYMAN BAND (Angleterre).
Dimanche 2 novembre à 17h00
« ZNR » (France) et MICHAEL NYMAN (Angleterre).
Complémentairement au programme musical de la biennale, l'American Center for students (261 Bd Raspail) organise, le dimanche 26 octobre à 21h00, un concert solo de HAROLD BUUD (Californie) qui sera enregistré par l'Atelier de Création Radiophonique de France-Culture.
Le Télépanaphon'art, c'est l'art de tous les sons sans exclusive dissociés de leur source originelle, enregistrés et traités sur un support en vue de produire des événements qui pourront ou non relever de ce qu'on appelle musique. Dans mon cas, le Télépanaphon'art utilise les procédés de ce qu'on appelle musique électroacoustique, mais ce terme a été forgé pour évacuer tout débat oiseux sur la qualité ou non de musique qu'on peut lui attribuer. De même que l'art du cinéma contient plus ou moins de théâtre, le
télépanaphon'art contient plus ou moins de musique, mais ce qui n'y est pas spécifiquement musical n'y prend pas non plus valeur négative de non-musique. Le télépanaphon'art est un cinéma pour l'oreille.
Deux concerts de « Télépanaphon'art » de Michel Chion :
"Le prisonnier du son" (1972). Requiem (1973).
"Avez-vous vu Melchisedech ?" (1980).