Chili
Commissaire général : Jorge Elliot
Directeur de l’institut d’Extension des Arts Plastiques à
l’Université du Chili
Le Chili sera représenté à la Quatrième Biennale
de Paris par le peintre Ricardo Irarrazaval et le sculpteur Valentina
Cruz, deux valeurs authentiques dans la nouvelle génération
des artistes plastiques. Leur position est assez différente : Valentina
Cruz en sculpture s’exprime par des matériaux peu communs
avec sa perception personnelle; Ricardo Irarrazaval emploie l’huile,
un moyen traditionnel, sans éprouver le besoin de nouvelles techniques.
Ces trois dernières années Valentina Cruz a essayé
les toiles de chanvre et le ciment, se servant du chanvre comme d’une
sorte de peau qui lui permet d’engendrer des créatures fantastiques
ou des figures humaines douées d’une étonnante vitalité.
Ses créations les plus originales possèdent une étrange
anima lité toute américaine, se rapportant aux créatures
symboliques des cultures précolombiennes; tandis que ses figures
humaines à la peau rugueuse évoquent les momies anciennes
d’Amérique et les saints baroques de l’époque
coloniale. Ricardo Irarrazaval est un peintre d’une sensibilité
extrême et son sens pictural épuré le porte à
employer l’huile avec intensité pour en extraire ses meilleurs
effets avec un sens tout raffiné de ses propriétés
intrinsèques. Il emploie la couleur comme telle et non pas comme
un effet lumineux ou atmosphérique; ses textures surgissent du
travail de la pâte, elles ne sont pas "fabriquées"
et ses harmonies sont d’une singulière délicatesse,
sans manquer de force. C’est un peintre très sud-américain.
Il est en outre céramiste, véritable "alfarero"
dans la tradition de l’ancien Pérou. De là ses abstractions
de figures qui sont stylisées dans un esprit évoquant les
périodes incasiques et pré-incasiques. Ses formes striées
rap pellent les étoffes de l’ancien Pérou et il les
retrouve - ce qui est le plus difficile - d’une façon inconsciente,
sans perdre en rien son raffinement occidental. Ces deux jeunes artistes
parlent donc le langage d’aujourd’hui avec un véritable
accent américain.
Jorge Elliot |