Suède
Commissaire général : Christer Jacobson
Directeur de l'Institut
Suédois à Paris
Attaché Culturel près l'Ambassade
de Suède à Paris
La jeune génération d'artistes peintres que l'on rencontre
aujourd'hui en Suède ne s'est pas annoncée par des formations
de groupe ou des manifestes comme l'ont fait celles qui l'ont précédée.
Parmi les neuf jeunes qui se présentent cette année à
la Biennale de Paris, certains ont déjà exposé ensemble,
mais en dehors de toute idée de groupe. La plupart, cependant,
ont ceci de commun qu'ils rejettent aussi bien la forme rigoureuse et
les spéculations formelles auxquelles se livrait la génération
de leurs maîtres, que la beauté des matériaux présidant
à l'esthétique de l'art informel.
Lars Hillersberg se rattache
par ses monumentales pages publicitaires au nouvel "art populaire" américain. Les peintures d'Hillersberg sont cependant illisibles
de par leur côté destructif, comme un puzzle mal reconstitué,
un chaos d'images entremêlées et d'événements
peints avec une vulgarité acerbe et provocante. Assez symptomatique
est le fait qu'il se soit d'abord fait connaître comme dessinateur
humoristique et auteur de dessins animés.
De même qu'Hillersberg, Ulrik Samuelsson s'exprime avec une banalité
tout aussi consciente que provocante. II s'intéresse particulièrement
au pathétique naturaliste et expressif propre aux grands maîtres
suédois du XIXe siècle, Carl Fredrik Hill et Ernst Josephson.
L'art de Samuelsson tend à une sensation d'images directes et spontanées,
non sous l'aspect d'un geste instinctif de couleur ou par le recours à
la forme, mais par un effort volontaire de liberté vis-à-vis
de tout dogmatisme esthétique. La plus récente exposition
de Lars Erik Strom avait pour titre "Abstraction poétique". Ses peintures sont en fait plus lyriques que celles des deux artistes
précédents. Mais, comme eux, il sacrifie la beauté
extérieure afin que la peinture apparaisse aussi franche et aussi
nue que possible, comme une chose ayant sa vie propre et sa fonction.
Les oeuvres sont dédiées au spectateur : "A voir et
à sentir, l'interprétation est ta propriété".
Les sculptures de Bbrje Linberg traitent de la fuite et de la
mort. Elles sont prises dans un violent mouvement hors de leur centre,
quelquefois dans une expansion explosive qui rappelle les figures fantastiques
naissant du plomb versé dans l'eau. Sivert Lindblom cherche son
idéal chez Rodin et dans l'école de sculpture du XIXème siècle.
Par ses ceuvres, il veut donner une correspondance au pathétique
absurde du théâtre moderne, un naturalisme pathétique
absurde où la fonction esthétique de l'image n'a plus de
sens. Ses sculptures sont des fragments "charnus" aux mouvements
raides et dénaturés, à l'image de morceaux de bêtes
dans une boucherie, fétiches sans problèmes ni relations
de formes.
Berto Marklund vit ses sculptures avec une forte sensualité. Le souvenir d'un sein dans le creux de la main renait dans la terre quand
la main refait le même geste, dit-il ; l'odeur de peau enfante dans
le bois une nostalgie de couleur précise. Les morceaux de
bois qui constituent souvent le matériau de ses sculptures ne perdent
jamais leur caractère de morceaux de bois. A l'exemple des fétiches
primitifs, la souche même acquiert une identité supérieure
sans avoir à représenter ou sans être un rébus.
Gôsta Gierow est le plus classique des neuf. II montre volontairement
dans ses gravures des paysages abstraits et des villes aux architectures
par endroits fantastiques, ruches désolées offertes aux
hommes. Son graphisme est clair et intellectuel.
Les images de Bengt Landin
sont absolument sans préjugé ; une sorte de griffonnage
organisé. Bengt Landin travaille directement sur sa planche qui
reçoit ainsi sa première inspiration. Le reflet du visage
dans le miroir du métal se fixe dans l'image définitive.
Souvent, son graphisme donne l'impression d'une mise en situation ; une
villa romaine et des jardins, des figures mouvantes, des planches anatomiques.
Ulf Rahmberg parvient souvent à une figuration accusée,
presque illusionniste. II rejoint l'ancien surréalisme de Max Ernst
et ses collages fantastiques. En des séries d'images, il laisse
le métal déchiqueté créer en permanence de
nouvelles constellations, images des relations humaines désir destruction,
des relations homme-technique. Malgré leur contenu polémique,
les images sont exactes et froidement objectives, d'une compréhension
plus ou moins aisée, toujours expressives du point de vue graphique.
La sélection des artistes constituant la partici-pation suédoise
a été l'ceuvre d'un groupe de travail dont les membres ont
été désignés par la commission artistique
de l'Institut Suédois. Ce groupe comprenait un représentant
du Musée d'Art Moderne de Stockholm (K.G. Hulten), un représentant
de l'École des Beaux-Arts - lui-même participant à
la Biennale de Paris de 1961 - (Torsten Andersson), ainsi qu'un représentant
de l'Association nationale des artistes (Tom Krestesen). La Suède
compte aussi cette année dans sa participation quatre compositeurs
: Coloratura III, pour orchestre de chambre, de Jan W. Morthenson, fut
joué au cours de l'été 1963 à Darmstadt. "Jeu d'échange II" est écrit pour le remarquable flûtiste
norvégien, prématurément disparu, Alf Andersen, qui
assumait aussi la création. Bo Nilsson est un des compositeurs
suédois les plus éminents. II connut, déjà
vers le milieu des années 50, une renommée internationale,
grâce notamment à une suite de concerts donnés au
cours de vacances à Darmstadt. "Fréquences"
est une eeuvre relativement jeune, où la technique de composition
des années 50, technique entièrement réorganisée,
apparait toujours clairement. Folke Rabe a travaillé environ depuis
1950, comme trombone de jazz. De ses oeuvres antérieures on peut
citer "Pièce pour choeur parté" qui fut exé-cuté
notament par le célèbre cheeur de Zurich. "Impromptu" comporte des éléments importants d'improvisation
et contient aussi des traits d'une technique de "collage"
musical, c'est-à-dire des rappels de musique antérieurement
composée. Karl Erik Welin a surtout apporté son prestigieux
concours à l'interprétation des oeuvres musicales modernes
écrites pour piano et orgue. C'est aussi un remarquable représentant
de ce qu'on appelle le théâtre instrumental. Welin s'est
vu dédié de nombreuses oeuvres, entre autres par Gyorgy
Ligeti et Maurice Kagel. Manzit expose dans sa forme scénique des
traits de ce théâtre instrumental.
La sélection des compositeurs a été faite par Fylkingen,
organe suédois de distribution des concerts de l'L.S.C.M.
Gôran Sdderstrôm
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Section arts plastiques
Peinture et dessin
Responsable : Gozan SODERSTROM
Lars HILLERSBERG
Né en 1937 à Flen (Suède)
Mackling I, 1961 (tempéra, 152 x 122)
Mackling II, 1963 (tempéra, 150 x 200)
Ulrik SAMUELSON
Né en 1935 à Norrkoping (Suède)
Homeostasis I, 1963 (huile, 130 x 130)
Homeostasis II, 1962 (huile, 132 x 96)
Lars-Erik STROM
Né en 1929 à Norrkoping (Suède)
Peinture, I, II, III (triptyque, trijumeau), 1962 (huile, 150 x 318)
Peinture 3.4 (jumeau), 1962 (huile, 202 x 106)
Sculpture
Bôrje LINDBERG
Né en 1928 à Stockholm (Suède)
Général tombé, 1962 (métal à caractères, 29 x 20 x 50)
Général fuyant, 1962 (bronze, 57 x 25 x 30)
Chute contre la Terre (bronze, 20 x 68 x 25)
Sivert LINDBLOM
Né en 1931 à Husby-Rekarne (Suède)
Nike Mai 1963 I, 1963 (bronze, 40 x 37 x 30)
Nike Mai 1963 II, 1963 (bronze, 25 x 85 x 30)
Nike Juin 1963, 1963 (bronze, 43 x 163 x 37)
Berto MARKLUND
Né en 1931 à Malmberget (Suède)
Femme, 1962 (bois goudronné, 106 x 35 x 35)
Le matin chez U., 1962 (bois polychrome, 60 x 25 x 20), coll. Musée
Moderne, Stockholm
Une sorte de portrait de mon Amour, 1963 (bois poly-chrome, 73 x 25 x 20)
Gravure
Gustaf, Lorentz Landin, BENGT
Né en 1933 8 Stockholm (Suède)
Visage sur la planche de cuivre, 1963 (pointe-sèche, 21 x 32)
Série d'images, 1963 (eau-forte, 33x 40)
Villa Aldo Brandini, Frescati, 1963 (pointe sèche, 25 x 22)
Figures,
1963 (eau-forte, 30 x 30)
Projection horizontale, 1963 (eau-forte, 17x 27)
Gosta GIEROW
Né en 1931 à Stockholm (Suède)
En dedans et en dehors, 1960 (aquatinte et eau-forte, 40 x 49)
Vers l'Intérieur, 1961 (aquatinte, et eau-forte, 42 x 45)
Ville, 1962 (aquatinte et eau-forte, 49 x 64)
La Racine de l'Arbre, 1960 (aquatinte et eau-forte, 57 x 68)
Ulf RAHMBERG
Né en 1935 à Boras (Suède)
Novembre
1962, 1962 (eau-forte sciée, 47 x 252)
Parenthèses pour
peinture I-1963, 1963 (eau-forte, 63 x 47)
Mai 1962, 1962 (eau-forte sciée, 47 x 63)
Section composition musicale
Responsable : Jan BARK
Jan W. MORTHENSON
Né en 1940 à Stockholm (Suède)
Jeu d'échange II, 1961
Bo NILSSON
Né en 1937 à Malmberget (Suède)
Fréquences, 1960
Folke RABE
Né en 1935 à Stockholm (Suède)
Impromptu, 1962
Karl-Erik WELIN
Né en 1934 à Genarp (Suède)
Manzir,
1962
Section décoration théâtrale
Sture PYK
Né en 1934 à GSthemborg (Suède)
Le malade imaginaire, 1963
Henri IV, 1963
Section films sur l'art
Curt STROMBLAD
Né en 1929 à Boras (Suède)
X - et, 1962-1963 (couleurs)
Peter KYLBERG
Né en 1938 à Stuhlm (Suède)
Kadeus, 1960-1963 (couleurs) |